• GRAND DESTIN .........

             Grand destin: Simone Signoret, un cœur vaillant.

    Actrice charismatique dans sa jeunesse et plus encore à la maturité, elle a mené la vie d'une femme libre et engagée, malgré bien des blessures. Elle aurait eu 100 ans le 25 mars... Retour sur un parcours exceptionnel.                                 

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    Los Angeles, 4 avril 1960.

    Quel tourbillon depuis son arrivée aux États-Unis, six mois plus tôt !                         Simone Signoret a franchi l’Atlantique en groupie de son chanteur de mari pour le soutenir dans sa première tournée américaine: New York, San Francisco, Los Angeles…Le succès l’a suivi comme une traînée de poudre et il vient même de décrocher le premier rôle du prochain film de George Cukor, "Le Milliardaire", avec pour partenaire rien moins que Marilyn Monroe. Elle est si fière de celui qu’elle appelle Montand, plutôt qu’Yves, et qu’elle aime passionnément depuis leur coup de foudre en août 1949. Ce soir, il vient de chanter deux titres sur la scène du Pantages Theatre, mais ce n’est pas lui la vedette du spectacle.  Qui alors?  Elle, peut-être… Car elle assiste à la remise des Oscars et, contre toute attente, elle fait partie des nominées pour le prix de la meilleure actrice. Elle, la Frenchie de gauche jusque-là interdite de territoire américain pour ses sympathies communistes! Il est vrai qu’elle a pris ses distances depuis que l’URSS a durement réprimé l’insurrection de Budapest, en 1956.

    Rock Hudson énumère les nominées: Elizabeth Taylor, Audrey Hepburn… Et la gagnante est… "Simauauaune Signoray" pour "Les Chemins de la haute ville" de Jack Clayton. Debout, vibrante dans sa robe noire qui dégage ses épaules rondes, elle scrute la salle de ses yeux bleus si clairs, avant de s’élancer sur scène. Mais où est Montand? Il est resté en coulisses, pour l’accueillir, tant il est sûr de son succès. À 39 ans, elle triomphe dans le rôle d’une femme mature trahie par son amant, un scénario aux accents prémonitoires. Car l’infidélité bien réelle de Montand avec Marilyn va bientôt bouleverser son existence.

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    Souvent blessée, jamais vaincue 

    Deux mois plus tard, rentrée en Europe auréolée de son Oscar pour tourner "Adua et ses compagnes" avec Marcello Mastroianni,

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    elle apprend leur liaison par la presse. Elle reste digne en public et magnanime envers Marilyn. À la fin du tournage, Montand revient vers elle, mais le coup est rude pour celle qui se voit vieillir plus vite que lui. La blessure est telle qu’elle commence à boire trop, beaucoup trop. Est-ce par défi qu’elle accepte dès lors de plus en plus de films qui bousculent son image? Elle est bien loin de "Casque d’or" de Jacques Becker (1952), le film emblématique de sa spectaculaire beauté, quand elle tourne " Les Mauvais Coups" en 1961, où elle campe l’épouse alcoolique d’un homme infidèle. En 1971, à 50 ans, dans "Le Chat" de Pierre Granier-Deferre, face à Gabin, elle incarnera même une femme de 70 ans. La force de son caractère et l’amour de son métier expliquent aussi sa détermination à assumer son âge à l’écran. Ses films les plus mémorables sont d’ailleurs ceux de la maturité: "La Veuve Couderc"(1971), "Police Python 357" (1976) et bien sûr "La Vie devant soi" (1977).Actrice charismatique au corps malmené, épouse fusionnelle mais meurtrie, militante des droits de l’homme désenchantée par l’échec du communisme, écrivaine douée à la carrière interrompue par une mort prématurée à seulement 64 ans, Simone Signoret a affronté l’existence en combattante: souvent blessée, jamais vaincue, elle n’a cessé de relever de nouveaux défis, dont le premier aura été de renoncer au confort bourgeois de son enfance.

    Née à Wiesbaden le 25 mars 1921, en Allemagne occupée, où son père est en poste jusqu’en 1923, l’aînée des trois enfants du couple Kaminker grandit dans le monde feutré et policé de Neuilly-sur-Seine. À 11 ans, lorsque naît son second frère, en l’absence d’un père en déplacements professionnels, elle devient le bras droit de sa mère. Condamnée à être obéissante et responsable, l’enfant aux cheveux noirs coupés au carré cultive son jardin secret avec de nombreuses lectures: Anatole France, Malraux, Gide… Le théâtre et le cinéma l’attirent mais pas question d’envisager le métier d’actrice, bien trop inconvenant dans son milieu !

     À 17 ans, sa vie est chamboulée par le professeur de philosophie de ses camarades du lycée Pasteur, un certain Jean-Paul Sartre, qui ouvre les jeunes esprits à la littérature américaine, à l’existentialisme et à la politique. Ce premier éveil intellectuel est renforcé lorsque, fin 1939, repliée en famille à Vannes en Bretagne, elle devient l’élève de Lucie Samuel, une professeure d’histoire fascinante qui entrera dans la Résistance sous le nom de Lucie Aubrac. La vie de Simone est jalonnée de rencontres qu’elle sait rendre décisives.

    De retour à Paris après l’Exode, elle établit son quartier général au café de Flore: "Je ne savais pas qu’en poussant cette porte, je pénétrais dans un univers qui allait décider du reste de ma vie", écrit-elle dans son autobiographie "La nostalgie n’est plus ce qu’elle était", publiée en 1976*. Là, elle retrouve Sartre, découvre Simone de Beauvoir, se lie avec la bande libertaire de Jacques Prévert, croise Picasso et tombe amoureuse d’un assistant-réalisateur. Elle se sent à sa place dans ce bouillonnement artistique et intellectuel. "À leur contact, tous mes préjugés bourgeois se sont peu à peu dissipés", notamment sur la profession de comédienne! Grâce à eux, elle décroche ses premières figurations. Nouvelle vie, nouveau nom: elle adopte celui de sa mère, Signoret.

                                                          Le brio et la beauté 

    D’abord sans autorisation de travail et sans être créditée au générique, elle apparaît dans une dizaine de films durant la guerre, dont "Les Visiteurs du soir" (1942) de Marcel Carné, dont le scénario est écrit par son copain Prévert. Elle a une brève liaison avec le comédien Daniel Gélin, qui résume joliment le tempérament de la débutante: "elle me fascinait, je n’avais jamais rencontré quelqu’un d’aussi vivant. Par son brio et son goût de rire, sa beauté impressionnante et son franc-parler, elle dominait tout". Ils seront nombreux à la célébrer dans ces termes, tout au long de sa vie.

    Son premier grand amour entre dans sa vie en 1943, sous les traits d’Yves Allégret, un réalisateur de seize ans son aîné. 

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    Avec ce bonheur nouveau, elle découvre aussi la douleur de perdre leur premier enfant, un fils, à 9 jours, en 1944. Une perte qu’elle revivra encore deux fois avec Yves Montand, suite à deux fausses couches. En 1946, naît son unique enfant, la future comédienne Catherine Allégret, qui lui donnera son seul petit-fils, l’animateur Benjamin Castaldi, en 1970. Elle épouse Yves Allégret en 1948, mais le quitte un an plus tard pour Montand.

    Sa fille Catherine et son petit fils Benjamin 

     

     

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                                            Une vie de militantisme 

    Révélée en 1946 grâce à un rôle de prostituée dans "Macadam", elle va peiner à sortir de son image de séductrice vénéneuse. "Dédée d’Anvers" d’Yves Allégret (1948) ou "Casque d’or" célèbrent sa beauté solaire, son bagou et sa sensualité… mais l’obligent à jouer dans le même registre. Elle accède enfin à un autre répertoire et au statut de vedette en tournant coup sur coup "Thérèse Raquin" de Carné (1953) et "Les Diaboliques" (1955) de Henri-Georges Clouzot.

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    Parallèlement, au sein de son couple fusionnel, elle décuple sa vie sociale et son engagement politique. Pendant trente-cinq ans, les "Signoret-Montand" vont parler d’une seule voix. Ils rejoignent le Mouvement de la paix et deviennent compagnons de route du Parti communiste français, avant de s’en éloigner à la fin des années 1950. Le militantisme contre toutes les formes de dictature restera une priorité toute sa vie: proche de Bernard Kouchner ou de Harlem Désir, elle accompagnera des missions humanitaires, soutiendra Solidarnosc en Pologne, les réfugiés des boat-people, la création de SOS Racisme… Dans l’appartement de la place Dauphine, surnommé "La Roulotte", elle invite son réseau d’artistes et d’intellectuels à œuvrer à ses côtés. Après l’Oscar et la première infidélité de Montand, ses engagements prendront de plus en plus de place et certains de ses films s’en feront l’écho, tel "L’Aveu" de Costa-Gavras (1970), sur les purges staliniennes en Tchécoslovaquie. Elle y joue aux côtés de Montand dont la carrière est au beau fixe, tandis que la sienne s’essouffle. Elle va pourtant la relancer avec Pierre Granier-Deferre qui lui offre des rôles magnifiques ("Le Chat", "La Veuve Couderc", "L’Étoile du Nord"), mais aussi grâce à la télévision. Pionnière là encore, elle tourne quatre téléfilms et une série, "Madame le juge" (1978).

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    En 1981, l’abus d’alcool et de tabac la rattrape. Elle est opérée de la vésicule biliaire mais son état ne s’améliore guère. Elle devient peu à peu aveugle et meurt d’un cancer du pancréas, le 30 septembre 1985, dans sa maison normande d’Autheuil Authouillet. Elle venait de publier son unique roman, "Adieu Volodia", salué par la critique, où l’on peut lire une profession de foi, presque une épitaphe: "C’est un destin heureux qui fait mourir des vivants qu’on regardait vivre, avant qu’ils ne soient devenus des vivants qu’on ignore comme s’ils étaient déjà des morts,elle a eu cet heureux destin "     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 8 Avril 2021 à 06:44

    Bonjour Bertille

    Magnifique billet sur Simone Signoret, tu lui rends un bel honneur, Merci à toi

    Bonne journée en ce jeudi qui s annonce beau . Amicalement Bérénice

    2
    Jeudi 8 Avril 2021 à 06:58

    Bonjour Bertille, merci de nous parler de cette grande actrice qui était également une femme exceptionnelle, c'est vrai qu'elle était de toute beauté, mais quel que soit l'usure de son corps elle est resté une belle personne.

    Amicalement

    Claude

    3
    Jeudi 8 Avril 2021 à 08:46

    Bonjour,

    Un petit copier/coller exceptionnel pour ne pas rester trop devant l’écran.

    Passe une bonne journée, gros bisous,

    Nadine /Didine

    j'aimais bien cette comédienne tout comme sa fille

     

    4
    Jeudi 8 Avril 2021 à 21:02

    quel article super sur Simone Signoret, actrice que j'aimais bien, et d'ailleurs sa fille aussi. D'ailleurs Catherine a actuellement un super rôle dans le feuilleton "Demain Nous Appartient" Merci pour cette belle biographie.

    Bonne journée

    5
    Zoe
    Vendredi 9 Avril 2021 à 18:52
    Une excellente artiste,j'ai eu le plaisir de l'admirer plusieurs fois sur scene,a Jerusalem,entre autres dans " La Mouette " de Tchekov.En francais,bien sur!
    Elle est egalement l'auteur de "Ma cousine de Bratislava ".
    Belle oui mais le courage et l'intelligence memes.
    Merci pour ce magnifique billet .
    Je t'embrasse!
    6
    Samedi 10 Avril 2021 à 06:25

    Merci pour ce moment et son destin j'apprécie cette femme sa fille et son petit-fils !! j'ai beaucoup aimé lire son livre

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